Plan Oxygène : la déglingue sociale et la réduction des services de proximité de la majorité PSD@/MR pour servir une politique d’investissement immobilière toujours plus hégémonique.

La Ville d’Andenne est, une fois de plus, mise sous-tutelle par la Wallonie. Et cette fois, ce sont des années bien sombres qui s’annoncent pour les Andennaises et les Andennais ainsi que pour le personnel communal ! Bien sûr, c’est d’abord le plan communal de gestion requis par le gouvernement wallon pour bénéficier de son « Plan Oxygène » qui est en cause. Mais derrière ce plan de gestion, il y a aussi les décisions prises par la majorité socialiste-libérale ces dernières années et qui s’éclairent douloureusement à la lumière de ce plan en montrant à quel point elles conduisent nos concitoyens dans l’impasse. Pensons notamment à des dépenses d’investissement (projets immobiliers, acquisitions) mal planifiées et dont la vision d’intérêt général (communal) est très discutable. Pensons aussi à une fiscalité andennaise depuis longtemps trop élevée (bien plus que la moyenne wallonne) et qui n’a pas de contrepartie acceptable en termes de qualité de vie.

Quoi qu’il en soit, ce mardi 16 août 2022 sera à marquer d’une pierre noire pour les citoyens d’Andenne et les membres de l’Administration communale. Les élus de la majorité socialiste-libérale adopteront au Conseil communal ce fameux plan de gestion requis par le gouvernement wallon afin de « bénéficier » des moyens du « Plan Oxygène ».

Pour être plus précis, ce « Plan Oxygène » devrait permettre à la Ville d’accéder à un prêt remboursable sans intérêt de 6.936.500 €, montant étalé sur cinq ans… Mais la contrepartie de ce prêt, au travers de ce plan de gestion, est une véritable saignée à blanc !

Que contient ce plan de gestion ?

Sans être exhaustif, voici des morceaux choisis de ce plan de gestion présenté par le collège :

Mesures ayant un impact direct pour la population :

  • En introduction « Identifier parmi les services à la population, ceux qui seront rendus par l’acteur le plus pertinent »… dans cette phrase, tout est dit… ou sous-entendu !
  • « Augmentation du précompte immobilier de 2.700 à 2.800 centimes additionnels », alors que la circulaire du gouvernement wallon recommande 2.600 maximum ! Les Andennaises et les Andennais vont être sévèrement « mis à contribution », alors même que la fiscalité était déjà parmi les plus élevées de Wallonie (mesure 6).
  • Augmentation de la fiscalité également sur les permis, les secondes résidences, les immeubles inoccupés, les renseignements urbanistiques, les endoscopies d’égouts communaux (service jusqu’ici gratuit) (mesure 5), création d’une taxe sur les éoliennes, etc. (mesure 8)
  • Pour le secteur associatif, alors que ce secteur a été particulièrement éprouvé par la crise Covid et qu’il est encore en première ligne pour faire face aux conséquences de celle-ci sur la population, il devra subir une augmentation des coûts du personnel prestant les services demandés ainsi qu’une augmentation du prix de location des salles communales,… (mesure 9)
  • Pour les familles et l’enseignement : le prix des plaines de vacances sera plus que doublé (de 20 à 50 euros !) (mesure 9), le prix des garderies sera augmenté alors que le service sera réduit (moins d’accueillantes et nous passerions de dix à trois ou quatre implantations) (mesure 10), avec simultanément une rationalisation des cars scolaires : moins de transports alors que les lieux à relier seront plus distants ! Par ailleurs, deux écoles seront purement et simplement supprimées (mesure 20).

Mesures ayant un impact sur le personnel communal :

En préambule, nous avons ici « Poser de meilleurs choix et définir une stratégie de gestion de la masse salariale et des ressources humaines »… no comment ! Ces éléments ravivent le douloureux souvenir de 2013 quand le collège avait décidé de procéder à des licenciements de masse.

  • Le personnel devra quasi entièrement être sous APE (déjà 90% mais 6,1 ETP en plus sont prévus) (mesure 3) et les statutaires (qui ne sont plus que 11 au sein de l’administration communale) sont appelés à quasi disparaitre dans les prochaines années. De plus, deux ETP vont passer sous le régime  « tremplin 24+ » (mesure 1).
  • S’ajoute à cela une réduction de six ETP par rapport au plan d’embauche 2022 alors que le personnel communal est déjà à flux tendu (mesure 11).
  • La majorité socialiste-libérale refuse d’adhérer à la mesure régionale en faveur des plus de 60 ans en métier pénible (mesure 12).
  • Enfin, seul le remplacement d’un agent sur deux partant à la pension sera possible (mesure 17).

Et ce ne sont là « que » les mesures visant la Ville d’Andenne. Des plans similaires sont également adoptés pour les entités subordonnées (CPAS, Régie des Sports, zone de secours,…).

Le CPAS va devoir se serrer la ceinture. C’est une régression sociale imposée à nos concitoyens les plus démunis, et ce, alors que depuis deux ans la crise covid fait basculer plus de gens encore dans la pauvreté. Cette régression est aussi une gifle envers les personnels du CPAS qui ont la tâche essentielle de parer aux dégâts croissants des crises économique, sanitaire et climatique :

  • Pour les bénéficiaires : accroissement majeur des charges financières liées au service rendu, par exemple hausse des tarifs de repas à domicile,…
  • Pour le personnel : suppression de l’assurance-hospitalisation, travailleurs en « article 60 » ramenés au salaire minimum, réduction du volume global d’emploi de trois ETP, non-remplacement des agents malades. Donc un impact sur le service rendu à la population,…

Soyons objectifs, le groupe AD&N relève tout de même deux points positifs :

  • Le gouvernement wallon exige dans son « Plan Oxygène » une transformation digitale de la Ville. Gageons que cela sera, à terme, un élément permettant à la Ville d’aller vers la modernité.
  • Un indicateur-expert va être désigné. Celui-ci devrait permettre une évolution positive de la base taxable du précompte immobilier. Et oui, ce plan dessine clairement certaines priorités !

Pourquoi refuser ce plan ?

  1. Nous devons refuser ce plan tout simplement parce que « le jeu n’en vaut pas la chandelle ». Il ne fait qu’accélérer la fuite en avant d’une commune dont les projets de développement ont été mal planifiés et ne repose pas sur le but qu’on en attend en termes de qualité de vie. Sur un budget annuel d’approximativement 45 à 50 millions d’euros[1] de la Ville d’Andenne (soit 225 à 250 millions sur cinq ans) que représentent 6.936.500 € ? Pire, que représentent les intérêts de ces 6.936.500 €[2] ! Bien peu de choses par rapport à l’ensemble des sacrifices demandés aux Andennaises et aux Andennais ainsi qu’au personnel communal. Par ailleurs, la Ville d’Andenne dispose encore un bas de laine de plus de huit millions d’euros dont le bourgmestre s’enorgueillit régulièrement. S’il était correctement utilisé, il permettrait un avenir plus serein sans que l’on doive recourir à une aide extérieure (qu’il faudra rembourser) et qui, pour Andenne, risque de n’être qu’un mirage.
  • Plutôt que d’adopter un pareil plan de gestion, le groupe AD&N préconise que nous maitrisions mieux les dépenses somptuaires liées au développement territorial. Lors du Conseil communal du 18 juin, la majorité socialiste-libérale a une fois encore dépensé plus d’un million d’euros pour acheter des terrains à Anton. AD&N souhaite aussi que certaines dépenses de « caprices » (statues à plus de 400.000 €) soient suspendues pour le moment, que d’autres dépenses soient revues (telles que le coût des experts ou du médecin référent du CPAS qui coûte beaucoup plus cher qu’un médecin référent dans d’autres Villes de taille similaire à Andenne), que la politique fiscale soit complètement revue pour être allégée mais que l’accent soit mis sur une politique fiscale plus dynamique à l’égard de la propreté, de l’environnement,… Autre exemple : dans le cadre du « Plan Oxygène », Sambreville envisage de supprimer un poste d’échevin…
  • Parce que ce plan peut n’être qu’un prétexte pour faire passer des décisions politiquement imbuvables : écarter du personnel, augmenter les taxes,… Il y a quelques mois, questionné par Etienne Sermon, chef de groupe AD&N, sur ce « Plan Oxygène », le bourgmestre l’avait fustigé en criant haut et fort que ce plan était une hérésie et voué aux gémonies… Pourquoi ce « revirement » ? Sur 262 communes wallonnes, seules 38 ont « mordu à cet hameçon ». Peut-être le « Plan Oxygène » convient-il peut-être à leur situation spécifique… mais la situation d’Andenne n’est pas la leur. En se soumettant à ce plan, la majorité andennaise se fourvoie… Et elle présente la note à son personnel,  à sa population et notamment, à ses concitoyens et concitoyennes les plus démunis !

[1] Le total du budget 2022 de la Vile d’Andenne est de 37.391.238,43 € à l’ordinaire et 12.179.997,41 € à l’extraordinaire, soit un total de 49.571.235,84 €.

[2] Au taux actuel (approximativement 3,5%), nous sommes à 250.000 € d’intérêts, soit moins du quart du million nécessaire à l’achat de terrains approuvé lors du seul dernier Conseil communal de juin.

📺 Revoir le débat sur ce point du Conseil communal du 16 aout 2022

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