Andenne est-elle une commune où il fait bon vivre ? Elle a certes tout pour l’être. Malheureusement, la réponse pourrait bientôt être négative. En cause : la dangereuse dérive de la bétonisation et la vision indigente de la majorité. L’équipe AD&N est favorable à une urbanisation intelligente et conforme aux besoins réels de la Commune. Mais elle refuse d’adhérer à un mélange de « Monopoly » et de « Légo » complètement étranger à un développement du territoire digne de ce nom.
Campagne d’Anton : chronique d’un désastre annoncé
Le projet d’urbanisation de la campagne d’Anton est d’abord le fruit de suppositions démographiques assorties d’une concentration inédite de l’habitat. C’est au minimum à 1000 logements qu’il faut s’attendre en vertu du projet de Schéma d’Orientation Local (SOL) que la majorité veut faire adopter à tout prix, avec des immeubles dont la hauteur ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune limite. Le site Anton est, de surcroît, appelé à accueillir les services communaux, des écoles, des maisons de repos ou encore une extension du complexe sportif. Sur papier, une nouvelle ville qui sort de terre peut paraître séduisante. Ce que ne dit pas ce Schéma d’Orientation Local, c’est ce que l’on va faire du centre-ville actuel. Il est illusoire, en effet, de penser que le centre-ville, déjà dévitalisé aujourd’hui, va s’adapter à ce projet d’urbanisation d’Anton, comme le prétend lapidairement un malheureux toutes-boîtes du Collège. Il est tout aussi illusoire de considérer que l’urbanisation d’Anton va élargir la zone de chalandise du centre-ville, c’est-à-dire son potentiel commercial.
En réalité, le prix de l’adoption du projet de SOL de la campagne d’Anton, ce sont ni plus ni moins les moyens que la Commune met au service de sa pensée unique. La Commune refuse tout débat et toute contradiction. Les envois recommandés aux Conseillers communaux de l’opposition et aux citoyens trop contestataires en sont l’illustration. Faire la morale aux citoyens sur leur soi-disant égoïsme et sur une sorte de « raison d’état » plaidée par la majorité est un art dans lequel le Collège communal d’Andenne est passé maître. C’est d’ailleurs l’objet du toutes-boîtes que les Andennais viennent de recevoir ce jeudi : un document partisan financé par les contribuables !
- Contrairement à ce que prétend cette brochure totalement orientée, le projet d’Anton exposera bien le centre-ville à une accélération de sa dévitalisation.
- Aucune garantie n’existe quant à la nature et la taille des commerces qui s’y installeront.
- En l’état, il s’agit bien d’une perspective de destruction d’un espace naturel et de déséquilibre entre les différentes fonctions du territoire : nature, espaces dédiés à l’habitat, au commerce ou aux équipements collectifs.
- Ce document purement partisan d’un Collège communal aux abois est, plus généralement, un foyer de contrevérités, notamment sur ce que les opposants au projet ont réellement avancé comme arguments.
Arrêter l’urbanisation « au chausse-pied »
Le gâchis annoncé dans la campagne d’Anton pèse donc sur la sérénité et la qualité de vie de plusieurs centaines de riverains, alors même qu’il a été conçu à contrecourant des stratégies urbanistiques pilotées dans d’autres pays. En France, par exemple, le Gouvernement a fixé à 2050 l’échéance pour arrêter l’artificialisation des sols. Le projet d’Anton n’est du reste pas la seule menace sur le développement territorial d’Andenne. Faire entrer des immeubles à deux, trois ou quatre étages dans les villages et les hameaux est désormais l’option désastreuse et dévastatrice du Collège communal. Pensons, parmi d’autres, à l’échec urbanistique absolu des 60 nouveaux logements de la rue de Velaine qui constituent ni plus ni moins une gifle au paysage centenaire du village de Landenne et un exemple d’étalement urbain. Il y a aussi les multiples endroits où le Collège tente d’intégrer « au chausse-pied » des immeubles conçus au mépris de l’habitat rural, de la mobilité, de la sécurité mais aussi de la revitalisation – pourtant tant attendue – du centre-ville d’Andenne. En ces différents endroits, il y a aussi des perspectives d’artificialisation des sols. Fort heureusement, certains de ces projets ont déjà fait l’objet d’avis négatifs des instances de consultation (risques d’inondation, égouttage, services régionaux de l’urbanisme), voire d’arrêts défavorables à la Commune de la part du Conseil d’État. Ajoutons que tous ces projets proposent des logements inaccessibles aux bas revenus et même à certains revenus moyens et trouvent très difficilement acquéreurs et/ou locataires.
Les revers encaissés par la Commune montrent, en vérité, que cette course à la démographie est empreinte non pas de raison mais de dogmatisme. Refuser les maisons quatre façades (et privilégier une vision urbanistique « boites à chaussures » exclusive, comme le fait l’actuel Collège), même lorsqu’elles constituent la seule option urbanistique valable, est un non-sens motivé par des choix fiscaux (l’unique politique à l’aune de laquelle Andenne est dirigée… au détriment de ses habitants). Nous sommes, nous aussi, opposés à l’étalement urbain. Mais l’harmonie de l’habitat est un objectif qui doit contribuer à la qualité de vie et l’attractivité d’une Commune.
Ce dossier est un réel boulet qui tire la majorité vers le bas… majorité dont on n’entend jamais le MR s’exprimer sur ce dossier problématique.
Par ailleurs, il faut également se souvenir que le projet d’Anton tel que présenté lors du Conseil du 22 avril 2024, n’avait plus beaucoup de points communs avec le projet d’agriculture urbaine d’origine, projet évoqué il y a plusieurs années et qui pouvait être intéressant. Les nombreux revirements et les changements de projet (depuis la centrale nucléaire soutenue à l’époque par le bourgmestre) dans ce dossier, démontrent – s’il le fallait encore – le manque de clairvoyance et de vision structurée sur le long terme de la part de la majorité sortante. La position du Collège dans ce dossier est totalement partiale, bornée, tendancieuse et largement contestable.
Réaliser d’abord le schéma de développement communal
Les Conseillers communaux et l’équipe AD&N ne sont pas des opposants par principe. Nous sommes ouverts à l’urbanisation lorsqu’elle répond à des besoins. Mais nous voulons que les autorités communales respectent les citoyens, acceptent la concertation et évitent la pensée unique. Le projet catastrophique présenté par la majorité lors du Conseil communal du 22 avril et le refus d’entendre les riverains lors du Conseil communal du 1er juillet, démontrent la juste vision d’AD&N et les difficultés dans lesquelles se sont embourbés toutes celles et tous ceux qui ont suivi aveuglément le Collège dans une méthodologie agressive datant d’un autre âge. On ne peut planifier l’urbanisation de 50 hectares sans mettre en œuvre une large analyse d’impact en concertation avec les citoyens. Diffuser « à la hussarde » un document politique destiné à apaiser les Andennais quelques semaines avant de prendre unilatéralement une décision est, ni plus ni moins, un camouflet à l’égard de la population. Il n’y a aucune utilité, aujourd’hui, à planifier l’urbanisation massive de la zone d’Anton.
Comment comprendre que la réflexion globale sur l’aménagement du territoire de la Commune va seulement commencer (élaboration d’un schéma de développement communal) alors même que le projet de Schéma d’Orientation Local de la campagne d’Anton anticipe déjà ce qui devra se trouver dans la stratégie communale globale. C’est un anachronisme. Mais c’est surtout un déni de démocratie et l’expression d’une immense médiocrité managériale du Collège communal. Les décideurs communaux doivent finaliser le Schéma de Développement communal avant d’envisager toute affectation d’une zone de plusieurs dizaines d’hectares, peu importe qu’elle se trouve ou non dans la zone de centralité urbaine.
Repenser et redéployer la ville, pas la dupliquer
Dans la foulée du Schéma de Développement Communal, il faudra repenser la ville et la redéployer, notamment sur base du nouveau centre-ville, de la rénovation du centre ancien, d’un effort de réhabilitation – en ce compris sur le plan énergétique – et de réaffectation de lieux et d’immeubles aujourd’hui délaissés par les candidats indépendants ou manquant d’attractivité pour les habitants. Il faudra aussi activer l’exécution du programme de développement rural de manière à mieux relier les villages et le cœur de ville. Ces priorités sont malheureusement loin des préoccupations du Collège qui préfère miser sur un projet déconnecté de l’âme de notre commune.
- L’aménagement du territoire réclame de la maturité. Plutôt que de se prêter à une information infantilisante et irrespectueuse, il faut entamer une concertation avec toute la population de notre Commune pour évaluer l’impact sur la qualité de vie et les nuisances des différentes possibilités d’affectation du territoire communal.
- Les élus ont, par ailleurs, le devoir de tourner le dos à tout dogmatisme : l’aménagement du territoire est une discipline à part entière. Elle sert à améliorer la qualité de vie et la performance sociétale, pas à alimenter un objectif politique. Aucune forme d’habitat ne peut donc être exclue pour peu qu’elle soit adaptée aux espaces urbains ou ruraux.
- Il est enfin impératif d’évaluer les impacts de toute affectation sur les zones déjà urbanisées. L’objectif de ce travail serait d’éviter, par exemple, que le centre-ville se transforme en désert urbain, ce qui risque bien de se produire.
Propositions concrètes d’AD&N sur le cas spécifique d’Anton
Les élus du groupe AD&N proposent que le projet d’Anton tel que présenté lors du Conseil communal du 22 avril soit suspendu et que si des travaux doivent être relancés à l’égard de l’avenir d’Anton, cela devra se faire à partir d’une feuille blanche et dans le cadre méthodologique suivant :
- Reconstruire la ville sur la ville : Avant de relancer le projet d’Anton, le centre-ville devra faire l’objet d’une large réflexion. Le concept urbanistique de reconstruire la ville sur la ville devra d’abord être développé afin de finaliser les divers projets de centre-ville et redynamiser celui-ci.
Pris dans un vortex infernal, se débattant dans une crise économique et énergétique inédite, l’immobilier puise dans ses ressources pour sortir la tête de l’eau. Voilà pourquoi la ville cherche à se réinventer de toute urgence, avec l’aide des acteurs de la construction. La Wallonie réfléchit aussi beaucoup à ce concept de construire la ville sur la ville. Le recyclage urbain fait désormais partie du vocabulaire des acteurs immobiliers, pour qui la transformation énergétique de l’habitat devient le moteur d’une motivation à la fois environnementale, mais également économique et sociale. Nos terrains agricoles tombent les uns après les autres, conséquence directe de l’étalement urbain (sur lequel le collège entretient une ambiguïté). Dans cette course au logement, l’étau se resserre sur ces derniers, coincés entre deux besoins fondamentaux : se nourrir et se loger. Or, en usant de l’artificialisation des sols, le territoire s’essouffle et cherche son oxygène. Repenser l’évolution urbaine et se servir de l’existant pour continuer à exister est donc vital, surtout à Andenne où cette approche correspond tout à fait aux besoins et à la réalité urbanistique de la ville. Face à l’urgence sociétale, économique et environnementale s’accélérant sans cesse, rendre la ville plus naturelle est devenu un point crucial dans l’évolution urbaine. Regonfler les poumons urbains de nos villes oppressées est, aussi, un enjeu majeur. Andenne comporte effectivement peu d’espaces naturels en son sein.
- Une réelle méthodologie: L’ampleur du projet d’Anton aurait mérité d’être débattu avec une méthodologie sérieuse et professionnelle digne d’une ville de plus de 28.300 habitants avec des éléments tels que :
- Démarrer le projet d’une réelle page complètement blanche, même si urbanisme s’inscrit toujours fatalement sur de l’existant. Nous devons repartir d’une analyse complète de la réalité du site et d’une objectivation impartiale des besoins.
- Partager et débattre de ce type de projet en Commission communale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (pour autant que celle-ci soit recréée !) ;
- Établir des indications essentielles devant être partagées dès le début du processus : vouloir conserver des espaces naturels importants, une qualité de vie essentielle, une protection des divers patrimoines existants…
- Organiser des consultations publiques des mondes académiques, universitaires, professionnels, administratifs… tels que des urbanistes, des architectes, les diverses autorités régionales concernées, des démographes, des acteurs du commerce, des environnementalistes, des climatologues et des spécialistes des inondations, de la mobilité, le BEP, des géographes, le monde agricole…) afin d’éclairer les élus locaux de manière précise avec prospective et justesse ;
- Et enfin, associer les riverains et le monde associatif local (qui ont été copieusement ignorés au début et sont insultés et menacés à présent) à chaque rencontre et à chaque étape du processus avec un monitoring budgétaire clair. Pour rappel, TPMC est une organisation de riverains totalement indépendante.
C’est à cette condition que l’on pourra réconcilier les Andennais avec le développement territorial de leur Commune. C’est notre responsabilité en tant qu’élus.