Coup de com’ tout pourri : en octobre, après avoir consenti à baisser de 2800 à 2700 le précompte immobilier à Andenne, la majorité a fait volte-face et a replacé le curseur au plus haut. PS et MR mangent ainsi la promesse faite aux Andennais, dindons d’une farce très amère. 

A qui la faute ? A la Région wallonne évidemment. Mais c’est pourtant bien la majorité PS-MR qui s’est pourtant aventurée dans le plan “Oxygène”. Un plan dont AD&N avait pourtant bien pointé le danger : celui d’asphyxier l’autonomie communale en matière de fiscalité… Aujourd’hui, nous en payons les conséquences !

1. Les faits et le procédé

Au dernier Conseil, Hugues Doumont (AD&N), agacé que malgré la bonne situation financière de la Ville, des écrans de fumée en série servent d’excuse pour justifier une fiscalité communale parmi les plus élevées de Wallonie, à un taux supérieur au plafond recommandé par la Région, conclut son intervention sur les mots « racket fiscal », à prendre bien sûr au second degré. Si le bourgmestre qualifie en séance la conclusion de « scandaleuse », par sa réaction orale encore mesurée, il reconnaît dès lors implicitement que cette expression relève bien d’un débat politique. Mais passés ces débats, quand la formule est reprise par la presse (L’Avenir et la DH), c’est par une mise en demeure écrite qu’il veut extorquer une courbe rentrante au conseiller, et ainsi mettre à mal la liberté d’expression de la minorité.

Concrètement, le bourgmestre menace le Conseiller communal Hugues Doumont de poursuites pénales et/ou civiles si celui-ci ne présente pas sur-le-champ ses excuses. Pourtant, en 2013, quand un syndicaliste policier parlait de « hold-up d’Eerdekens par rapport au budget de la police », il n’y a pas eu plainte : deux poids, deux mesures. Par ailleurs, presse et littérature spécialisée ont amplement vulgarisé l’expression « racket fiscal » prise au second degré : ce degré est-il vraiment hors de portée du Collège ? Motif fallacieux donc, mais voilà : 2024 approche, et ce sera l’année de tous les scrutins… Comment peut-on, en démocratie, vouloir museler à ce point des élus ? AD&N s’indigne : où peut-on trouver de tels procédés À Moscou, Ankara, Téhéran ?

2. Un goût prononcé pour la tragédie grecque, la Commedia dell’ arte et la victimisation

Dans ce qu’il faut bien appeler une lettre d’intimidation, le bourgmestre ose comparer le fait d’avoir prononcé le mot racket (sic) au harcèlement subi par l’ancien ministre français Béregovoy qui l’a amené à se suicidé et dont Mitterrand disait : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie… » On en rirait, si ne sautait aux yeux l’indécence de comparer une mort tragique par suicide avec une simple égratignure à l’amour-propre.

C’est aussi pousser loin l’art de la victimisation. Rappelons que celui qui se dit « victime» n’a pas toujours occupé cette position, et a même intenté cinq procès (aux frais du contribuable) contre ECOLO Andenne… Cinq procès qu’il a perdus. Et par-dessus le marché, Claude Eerdekens a été condamné pour « procédures téméraires et vexatoires» : il a dû dédommager financièrement une ancienne conseillère écolo qui, malgré intimidations et harcèlement judiciaire jusqu’en cour de Cassation, dénonçait en séance le refus qu’opposait la majorité PS à la minorité désireuse de pouvoir elle aussi s’exprimer dans les colonnes du Bulletin communal.

3. Le contexte

Si le bourgmestre s’est calmé un temps, l’approche du scrutin l’émoustille visiblement. On l’a vu tout récemment lors de deux conseils communaux où il assurait la présidence ad intérim, le président effectif étant malade. En juillet 2023, Etienne Sermon, chef de groupe AD&N, a été interrompu dans son interpellation qu’il n’a pu terminer ; pire : en septembre, il n’a pas eu le droit d’y revenir pour achever son questionnement.

Coupages de parole, propos dénigrants (« Vous, les bonimenteurs », « Monsieur Sermon n’a rien à dire », « Mme Halleux, vous ne comprenez rien à la Zone de police, je vais organiser une formation pour vous car votre méconnaissance est affligeante »), mensonges éhontés [s’il y a 40 départs dans le personnel en 2023, c’est pcq les enseignants de l’EIC sont dedans, déformations et reformulations du propos : voilà comment le bourgmestre, abusant du rôle de président de séance, tente de déstabiliser quiconque ose exprimer un avis contraire au sien.

Voici à peine deux ans, en séance du Conseil communal, qui était l’insulté ? Notre collègue Philippe Mattart, pour avoir relayé les préoccupations de riverains sur un projet d’urbanisme surdimensionné. Qui était l’insulteur ? Là encore, le bourgmestre, avec un flot d’allusions sous la ceinture, et une malhonnêteté crasse : renversant les rôles, il avait rejeté la responsabilité de l’incident sur le conseiller AD&N.

Comme si certains sujets ne pouvaient étrangement pas faire l’objet de débats ?

4. Les rétroactes

Le long historique de la méconduite passée du bourgmestre devrait pourtant le rendre plus humble. En effet, en quels termes le bourgmestre s’adresse-t-il aux élus AD&N ou, anciennement, du CDH (Les Engagés) et d’ECOLO ? Liste non exhaustive : Khmers verts ! Économiste cubain ! Économiste stalinien ! P’tit con ! Démagogue de basse cour ! Eunuque politique ! L’action d’ecolo c’est un pet de sardine sur l’Océan pacifique ! Addition de faux-culs ! Incapables ! Salopards ! Et l’énervement n’est pas toujours en cause : en 2009, c’est au lendemain du conseil, à froid et au micro de RTL, que le bourgmestre a persisté dans l’emploi du mot « salopards ». On a donc affaire à un multirécidiviste !

Si les excès de langage du maïeur andennais font rire de lui, face à tant d’impolitesse et de violence verbale, la minorité et la population, elles, font le gros dos. Rares sont ceux qui protestent, même dans les rangs de la majorité, car on les attend au tournant. Ainsi, en 2011, un échevin de son camp, s’était indigné des propos tenus par le bourgmestre à l’encontre de l’opposition et il l’avait incité à faire son examen de conscience devant les images du conseil filmées par Canal C. Si nous sommes durs dans nos propos, c’est toujours pour qualifier l’action politique de la majorité.

Quand le bourgmestre se sent acculé ou mis en difficulté lors d’un débat, il use systématiquement d’attaque personnelle, d’intimidation, de coupages de parole, de reformulations. Le pire est qu’il ne se limite pas aux élus, et qu’il entraîne même le Collège entier dans une spirale de judiciarisation de tout propos qui lui déplait : les citoyens sont-ils, à ses yeux, revendicateurs ou turbulents, publient-ils un post facebook qui lui déplaît ? Ils reçoivent illico un recommandé les sommant de retirer leurs propos, avec menace de procès en diffamation.

Nous condamnons avec force le muselage de toute contradiction démocratique.

Nous fustigeons des procédés transformant le droit, arme de défense, en harcèlement visant à instaurer une peur permanente.

Non, la Ville n’est pas la propriété du PS et celui-ci doit respecter – certes dans le respect de la loi réprimant propos racistes, homophobes, etc. – la liberté d’expression et d’opinion, que ces expressions et opinions lui plaisent ou non.

5. Les arguments sur le fond

(en réaction aux propos tenus dans L’Avenir ce jour et même si ce n’est pas le sujet principal de ce communiqué)

Ce lundi 30 octobre dans Vers l’Avenir, le bourgmestre s’est senti obligé de revenir sur le fond des arguments déjà exposés en séance du conseil communal, et de refaire le débat politique en y incluant – chose surprenante ! – la directrice financière. Mais le débat politique a sa place au Conseil et pas dans une commission technique. Et il se passe exclusivement entre la majorité et l’opposition au Conseil. Les fonctionnaires sont là pour donner des avis techniques, pas politiques.

  1. Le service public ne s’étiole pas, tous les services sont maintenus.

Faux, plusieurs exemples :

  • Ecole de Promotion sociale centenaire liquidée sans souci de son futur, juste pour épargner 100.000 euros par an sur un budget de 46 millions à l’ordinaire.
  • plan Oxygène, dont la mesure 15 vise au non-remplacement des malades (ce qui a favorisé des dépenses de personnel réduites à la modification budgétaire [MB] 2023)
  • plan Oxygène encore : selon une autre mesure, le plan devait compter 9 ETP non remplacés (donc réduction du personnel communal)
  • plan Oxygène toujours : réduction des implantations scolaires communales fondamentales (suppression de Reppe après deux implantations à Vezin), moins de cars scolaires, surveillances extra-scolaires rationalisées sur 3 sites.

Si tout cela, ce n’est pas le service public qui s’étiole…

  1. Les recettes nettes du précompte immobilier n’augmentent pas de notre fait mais à cause de l’indexation.

Pas uniquement… Quand la majorité passe en 2022 de 2700 à 2800 centimes additionnels, il est évident que c’est une décision politique.

  1. Les coûts des zones de secours augmentent.

Certes, mais jamais de manière démesurée (même si le fédéral n’assume pas toutes ses responsabilités). Une zone de pompiers qui serait restée indépendante coûterait beaucoup plus cher aujourd’hui, tout le monde le sait.

  1. Les dépenses énergétiques augmentent.

Peut-être mais sur la MB 2023, la seule augmentation budgétaire a été complètement compensée par des subsides, fussent-ils exceptionnels (ce sont les documents officiels qui le disent).

  1. On s’occupe de notre CPAS.

Oui, le financement du CPAS a été augmenté à certains moments mais il a longtemps été sous-financé par rapport à la moyenne wallonne (dixit Belfius). Et agiter le spectre de nouvelles exclusions du chômage ne revient qu’à agiter des épouvantails…

AD&N n’est pas là avec des fake news mais avec des réalités factuelles :

  1. Andenne a augmenté toutes ses redevances: urbanistiques, état-civil, cimetières, etc.
  2. Andenne a doublé le prix des plaines de vacances (mesure 9 du plan Oxygène)
  3. Andenne a doublé le prix des repas chauds à domicile en 2022 (plan Oxygène, encore)
  4. Andenne a récemment triplé (!) la contribution aux écoles de devoirs
  5. Andenne a imposé une nouvelle taxe sur les éoliennes en 2022 (plan Oxygène, toujours)
  6. Andenne a refusé les congés d’âge à son personnel des maisons de repos en 2022 (mesure 12 du Plan Oxygène… qu’on finirait par appeler « Plan Asphyxie » ?)
  7. Les hausses citées aux points 2, 3 et 4 frappent toutes des publics à revenu modeste: Andenne sait-elle encore ce que social veut dire ?

Etc., etc., etc.

Sur le fond, l’analyse d’AD&N reste pleinement valide. La Ville d’Andenne est devenue une entreprise d’ingénierie financière, qui ne fait plus aucun choix social, qui investit peu dans le non-marchand et la culture mais accepte une dépense d’apparat avec une statue de près de 400.000 euros. Un Chat ne pourrait retrouver ses jeunes dans une logique pareille. Nous n’aurions jamais voté cet investissement si le Collège avait informé les mandataires que la Ville passerait sous plan Oxygène quelques semaines plus tard. Elle s’est bien gardée de le faire, introduisant le point « Plan Oxygène » lors d’un conseil communal extraordinaire convoqué 15 jours après en plein été !

L’objectif de la majorité PS-MR est de maximiser les recettes et de minimiser les dépenses au budget ordinaire pour laisser des marges aux projets d’investissements gargantuesques d’Anton, en oubliant que le centre-ville n ‘est pas terminé dans les cinq phases prévues et a pris 10 ans de retard !

Conclusion

Le bourgmestre, sans doute à court d’arguments, ne joue plus le ballon mais les joueurs.

Le Bourgmestre se plaint d’être insulté. Or, d’une part, le propos, tout comme le débat politique dont il est extrait, ne vise pas sa personne mais bien les actes du Collège. D’autre part, la plainte émane d’un édile qui n’a jamais su contrôler son verbe, au préjudice de la Cité et des citoyens – et un arroseur arrosé perd en crédibilité…Pour faire une image et pas du premier degré (la majorité a du mal à comprendre cela), tout ceci relève un peu d’un Arsène Lupin qui s’offusquerait d’un cambriolage.

En procédant de la sorte, il nous galvanise dans notre raison d’être : une opposition solide, vigilante, pas influençable, correcte, qui reconnaît aussi les bonnes choses mais qu’on ne prend pas pour des idiots (jeu largement usité).

Non, le Conseil Communal andennais n’est pas un théâtre vaudevillesque mais le lieu où se prennent démocratiquement les décisions pour le bien-être de la population.

Qui peut croire aujourd’hui qu’en gestion publique on a raison tout seul ? Personne, à part peut-être quelques édiles s’accrochant au pouvoir à Andenne…

Plus que jamais, AD&N sera soudé en 2024 pour proposer une alternative à la pensée unique ! Et soutient pleinement un des siens qu‘on menace, qu’on intimide par des procédés ineptes.

Les élus AD&N au Conseil Communal

Etienne Sermon, Philippe Mattart, Florence Halleux, Martine Dieudonné,
Caroline Lomba, Christian Mattart, Eddy Sartori, Hugues Doumont

Étienne Sermon
Philippe Mattart
Martine Dieudonné
Caroline Lomba
Christian Mattart
Eddy Sartori
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