Écoles de devoir ? « Que les parents paient ». Stationnement sauvage ? « Je ne suis pas chef de la police ». Citoyens sinistrés lors des inondations ? « On vous a déjà entendu et répondu ». En gros, circulez, il n’y a rien à voir. La séance de ce 25 septembre fut le théâtre d’un nouveau déni de démocratie. Inquiétant. Pas seulement pour les élus mais aussi et surtout pour les citoyens.

Bien sûr, il y a d’abord cette brutalité, ce mépris auxquels les élus de l’opposition ont malheureusement dû s’habituer au fil du temps. Ce n’est pas un phénomène récent. À Andenne, lorsqu’on ne partage pas l’avis du Bourgmestre, cela peut faire du bruit. La tactique de base est claire : l’inusable locataire de l’hôtel de ville hausse le ton – c’est même un euphémisme – pour couvrir les voix discordantes. Insultes et condescendance à l’appui. Hugues Doumont en a d’abord fait les frais dans le débat sur le coût croissant des écoles de devoirs, mis à charge des parents. Son tort ? Avoir osé rappeler au Bourgmestre qu’il n’est pas nécessaire d’émarger au CPAS pour être dans une situation de précarité. Quant à Etienne Sermon, il a été sèchement remis à sa place après avoir tenté de revenir sur la question des inondations à propos desquels de nombreux riverains aimeraient pourtant et enfin entendre le Bourgmestre.

Mais parallèlement à cette tactique de base, le Bourgmestre a au fil du temps rôdé une autre méthode : celle de faire passer ses interlocuteurs pour des incompétents égarés dans les méandres de la politique locale. La recette est aujourd’hui éprouvée. Il suffit de répondre à l’interpellation d’un conseiller d’opposition en lui disant, d’une mine faussement affectée, qu’il ou elle n’a rien compris, qu’il ou elle confond l’un ou l’autre concept de droit. Rien de plus facile, le Bourgmestre fait dire aux conseillers ce qu’ils n’ont pas dit. Cela ne réclame que du culot. Et de fait, ce lundi, la conseillère Florence Halleux a reçu un cours sur les rudiments du droit constitutionnel et administratif après avoir interpellé le Collège sur des problèmes de stationnement sauvage. La bouche en cœur, le Bourgmestre a soutenu qu’elle confondait les mesures de police administrative et les attributions du parquet en matière pénale.  Comme si elle ignorait le principe de la séparation des pouvoirs. On ne peut que s’étonner de cet aveu d’impuissance du Bourgmestre face à ce qui peut s’assimiler à un trouble de l’ordre public. Museler et mépriser l’opposition peut se faire à n’importe quel prix : même nier l’évidence et se déclarer impuissant, selon les circonstances, pour défendre la sérénité des citoyens. Même technique lorsque Caroline Lomba lui demande s’il est déjà entré dans une école de devoirs. Le Bourgmestre scande le mot démagogie et fait mine de s’indigner de ce qu’on lui dise qu’il n’y a jamais mis les pieds.

Quoi qu’il en soit, cette posture de donneur de leçon ne dispense pas le premier magistrat communal d’une autre forme d’éducation : l’éducation démocratique, celle consistant à faire reconnaître que le débat public dans une commune ne se passe pas seulement dans le huis-clos du Collège communal. À Andenne, il y a bel et bien 29 conseillers et 9 sièges ont d’ores et déjà été conquis par l’équipe AD&N. Ce rappel est utile et même salutaire lorsque l’on se rend compte que l’hôtel de ville d’Andenne ressemble davantage à une propriété privée qu’au siège de la démocratie locale.

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